jeudi 3 décembre 2015

Balade de décembre, 1

Mamy ZRX, en route pour l'aventure !

"Mangoulééé à mango palao  !..." (air connu, pour les amateurs des Nonnes Troppo ;-) ) c'est l'air que j'ai dans le casque cet après midi.
Je suis de retour vers la Capitale des Gaules après un petit road trip d'environ 700km aux confins de l'Allier, de la Creuse et du Cher. C'est une chouette diagonale sur la carte, que j'emprunte souvent et, si possible, en utilisant le réseau secondaire au maximum.
D'obscures obligations familiales ont permis cette hivernale en solo.
Il n'y a pas de saison pour rouler, c'est bien connu !
Je m'attendais à me cailler sévère et avais prévu la grande tenue doublée et renforcée. Mamy ZRX a vu fleurir les manchons sur son guidon, alors que pour pouvoir installer la sacoche de réservoir, j'ai renoncé au tablier pourtant éprouvé.
Et bien, sans pouvoir dire qu'il ai fait chaud, je n'ai pas vraiment eu froid. Un petit -1 matinal une fois, un peu de gelée blanche et une moyenne de 4 degrés ont ponctués ma balade. Pas de quoi casser trois pattes à un canard quand on est bien habillé.
Je crois même pouvoir dire que la température était idéale, si l'on tient compte des mains bien à l'abri dans les gants, puis dans les manchons. Bien sûr, je te fais grâce des collants sous-vêtements techniques et des chaussettes de foot !


Le matos

Il existe autant de façon d'apprécier le voyage qu'il y a de motards sur la planète. Pour ma part, le mien commence lorsque je prépare le bât de mamy ZRX. Charger les sacoches, les équilibrer, caser les objets nécessaires pour qu'ils soient accessibles ou encore veiller à ce que rien ne vienne toucher les échappements. 
Au préalable, un check-up général pressions/tension/graissages à fait l'objet d'une attention particulière. Autant de petits détails réglés par la force de l'habitude qui permettent de prendre la route sans arrières pensées.
J'adore ça. Je me le disais encore tout à l'heure, en regardant l'ombre de mon équipage me précéder gentiment : "pinaise, qu'est-ce que c'est bon !"
Sensation de liberté, bien sûr, mais pas seulement. La moto c'est un cheval de fer, la dernière façon d'envisager le déplacement individuel. Loin du carcan automobile et de ses principes, à moto on communique avec l'environnement, on ne regarde pas le paysage, on en fait partie.
C'est juste énorme, et ça inculque l'humilité. Oh, pas l'arsouille du dimanche, moteur emballé et la bave aux lèvres, non. Mais le long cours, là ou la réflexion s'engage, le pilotage d'abord concentré devient instinctif, avec un oeil sur la route, un oeil sur le compteur, une oreille sur le compte tours... Comme le soir ou j'ai partagé la route avec un chevreuil indécis qui courait sur l'accotement, juste à côté de moi. Au lieu de se jeter sous mes roues, il a choisi de filer à l'opposé. Ouf ! Peut-être voulait-il juste faire un bout de chemin?  Je ne sais pas. 
Toujours est-il qu'à moto tu fais partie du paysage, et  qu'un chevreuil peux décider de t'envoyer dans le décor. 
Mais ce n'est pas tout : il y a un tas de petits plaisirs en roulant comme cela, dans le soleil d'hiver. L'effet stroboscopique produit par les ombres des arbres en bordure de route, les escalopes de terre projetées par les engins agricoles, retombées mollement et collées au sol généralement dans les virages (sinon, ce n'est pas drôle !) Le troupeau de vaches en transit sur la chaussée, encadré par des enfants braillards... 
La traversée de villages, comme autant de points de passages d'un jeu de piste, ou le temps s'est arrêté. Seuls quelques commerces multi-services subsistent, artisan coiffeur-buraliste-dépôt-de- pain-épicerie-café-comptoir. Les vieux te regardent passer, les jeunes sont partis depuis longtemps. Ils ne sont plus jeunes d'ailleurs !




Et puis il y a mamy ZRX. 138000km au compteur. 
J'ai décidé de ne plus m'inquiéter pour son avenir. Entre la nécessité de refaire son moteur, sa boite de vitesses ou encore son embrayage, je n'ai pas choisi. Pourquoi ? Elle se porte comme un charme ! 
Certes les rapports ne se verrouillent plus aussi bien. La cloche d'embrayage sonne le glas, mais assure dès les matines. Avec une compression dans les précos constructeur, le bloc de la KHI respire toujours aussi fort. Ses montées en régime sont franches et jouissives, aucun bruit suspect ne vient troubler les envolées mécaniques. Il mange à peine un verre d'huile aux mille, c'est dire ! La ligne inox, flutée par le vieux silencieux Micron, produit un son inimitable et rageur, "à l'ancienne". 
La partie cycle suivi par mes soins, posée sur des combinés EMC à l'arrière et une fourche reconditionnée à l'avant, offre une tenue de route digne d'une sortie d'usine. Chargée à bloc, avec mon quintal et les bagages, mamy ZRX file droit, imperturbable.

Les remous d'air me font parfois dodeliner de la tête, pendant que, détendu, je laisse vivre le guidon entre mes mains. Pourquoi forcer ? agir sur les appuis, sentir la route, ressentir le travail de la mécanique, des suspensions, permet de soigner la trajectoire en toute décontraction. Quel pied !
De temps en temps un coup de gaz péremptoire suffit à imposer notre place dans le trafic. Mamy ZRX mange souvent des "boites à roues" histoire de montrer qui est la patronne. En guise de dessert, elle s'octroie quelques sportives, comme cette "S3" égarée l'autre jour en haut des esses de La Chapelaude. Le freluquet boutonneux qui a voulu jouer doit encore aujourd'hui pleurer en arrachant ses décalcos "racing touch" !  Rien à redire, l'expérience prévôt... ;-)

"Mangoulééé a mango palao !" ... je chante à tue tête dans mon casque. 
Le froid est tout de même parvenu à se faire sentir. A peine. Juste assez pour que mon corps organise la défense, et fasse refluer le sang vers les zones à réchauffer en priorité. Le point positif ? le capteur "vessie pleine" ne fonctionne plus. Pratique, mais pas rassurant !
Après plusieurs heures au guidon, l'engourdissement est général mais plutôt léger. Les prises d'angles sont un peu moins assurées, les corrections de trajectoire un peu plus nombreuses. Normal. Il en faut plus pour me faire douter et, en vieux briscard de la route, je sais qu'il est temps de faire une pause, malgré l'imminence de l'arrivée. 
Quelques moulinets de bras plus tard, je rejoins la cohorte des voitures qui gagnent la ville. Je rejoins mes pénates, mon gros Z va pouvoir se reposer.

Enfin, voilà quelques jours de liberté finement exploités. Il faut dire que la saison est assez exceptionnelle. Les ceusses qui ont "hiverné" leur bécane en octobre ne peuvent que s'en mordre les doigts ! J'ai d'ailleurs croisé pas mal de motos en ce début décembre, preuve s'il en est que beaucoup ont fait le même choix

Serait-ce le bon côté du réchauffement climatique ? 

A voir ! ;-) 


 

2 commentaires:

  1. A 100 % avec toi !!!! que des sensations que je connais bien aussi et qui me manquent....
    "un oeil sur la route, un oeil sur le compteur, une oreille sur le compte tours" : je ne saurai dire mieux !
    et, en moto comme disaient les VRP : "je suis le roi de la routeuh" ...

    Pierre

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  2. ...je connais bien la suite, mais je roule moins vite ! quoique... :-)
    Ce genre de trip, quel panard !
    Merci ;-)

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