mercredi 8 mai 2013

Bike test : la balle bollywood / épisode 2

Tu es resté sur ta faim, et je te comprend !  voilà la suite.

Il fallait que je puisse me faire un idée précise, pour pouvoir te faire essayer et découvrir cette fameuse Royal Enfield Bullet 500 EFI.

Bien ! je vais faire une petite entorse à l'habitude pour te parler technique. 
Ce volet est le complément de l'épisode 1, qui a permis de mettre dans l'ambiance. 
Tu l'auras donc compris, cette moto est une moto moderne fabriquée d'après des plans issus, eux, des années 50. 
La ligne générale, les solutions techniques de base restent inchangées puisque elle sont l'extrapolation de ce qu'on pût être les modèles 350 cm3 fabriqués jusqu'à l’orée de l'an 2000.

Ce qui change, c'est l'adoption de l'injection, du frein avant à disque (merci !) et la manière d’appréhender le marché Européen  d'un point de vue "vintage" et non plus purement utilitaire,  notre Bullet étant plutôt conçue comme une bête de somme. 

Tu me vois là en train de me faire une idée précise...  Aïe ! ça ferme grave !

Donc voici les chiffres ébouriffants que tu attends puisque là, tu es tout excusé, ton magazine préféré n'en parles pas :

- mono cylindre (distribution par tige et culbuteurs, à l'ancienne quoi ! et ça s'entend !)
- 499 cm3
- 27 chevaux (!) même la conversion en poneys n'y change rien > 54 ... tu vois !
- 41 newton-mètres de couple à 4000 tours (ya pas de compte tours et, pour info, un 500 XT propose 39 newton-mètres)
- un honorable -et inattendu- 130 km/h compteur en pointe mesuré par mes soins, au niveau de la mer, en limande avec une main sur le tube de fourche, un oeil fermé, en descente et 45 kmh de vent sud/sud-est dans le dos... n'a manqué que le slip de bain de Rollie Free !
- environ 180 kg tous pleins faits.
- conso ? quoi ?!  > 3,3 litres pour 100 km. Oui. 

Le bloc, côté gauche.

Le bloc... côté droit

On roule ?

Contact ! tu tournes la clé située sur le tableau de bord et, comme avec toute bonne brêle tu réveilles le moulin d'un coup de démarreur. Hop !  Poutpoutpoutpoutpoutpout... 

Première en bas, et notre amie décolle sur le filet de gaz dans une souplesse surprenante.
Le terme "souple" convient d'ailleurs assez bien à l'ensemble...

Tableau de bord minimaliste et ma pomme en reflet ;-)

La position de conduite tout d'abord est très classique. Tellement d'ailleurs qu'on en a perdu l'habitude. 
Le buste bien droit, les genoux enserrent le réservoir cependant que les pieds sont situés juste en avant de l'assise, d'une manière naturelle. Les coudes le long du corps... Oui ! tout comme à la moto école !
Du coup la bullet, déjà très maniable du fait de ses roues de 18 pouces, devient instinctive comme si tu remontais sur un vieux vélo. Cette sensation, inattendue, est très agréable.

Le revers de la médaille est que vu son poids contenu, elle est  sensible aux mouvements parasites. La direction très légère transmet sans attendre la moindre hésitation et amplifie des réflexes conditionnés par le pilotage de motos modernes.

La fourche, bien trop souple,  provoque un tangage de l'ensemble qui déstabilise un peu au début, d'autant que les combinés à gaz de l'arrière sont très secs. Ils talonnent facilement sur les gros chocs. Chance: la selle est suspendue par de gros ressorts... ouf !
La tenue de route est bien entendue affectée par ce comportement pour le moins daté.

Curieusement, ces défauts ne parviennent pas à ternir l'impression globale de rouler différent, avec plaisir. 

Le capital sympathie de la Bullet se développe en roulant. 

Le poumpoum sympa du gromono devient attachant au fil des kilomètres. Les bruits d'admission, le gargouillis émis par le long silencieux d'échappement lorsque tu coupes les gaz, même les vibrations très présentes confèrent à l'ensemble un je ne sais quoi de rapidement familier.

Elle file la banane, la Bullet !

Bonne bouille non ?  en plus la tension de chaine se fait par excentrique ... la classe !
 
L'injection injecte sans à-coups. Taquiner la poignée pour aller chercher la limite couple/puissance puis passer le rapport supérieur est un vrai plaisir. 
La mécanique tracte sans faillir en toutes circonstances et permet une vitesse de croisière de 90 / 100 kmh, tout à fait raisonnable par les temps qui courent. 
La boite de vitesses demande à garder en tête une logique antédiluvienne: passages à la volée interdit (sacrilège!) décomposition systématique du mouvement embrayage/sélecteur pour monter comme -et surtout- pour rétrograder, sous peine de points morts inopinés et hyper pénibles tant que tu n'as pas saisi le fonctionnement... après c'est du bonheur !
Hum ! sauf peut-être quand tu élargiiiiis fébrilement en courbe après avoir raté la glinche idoine ... Sueurs assurées !

Ce qui m'amène à te parler freinage...

Le simple disque avant pincé par un étrier double pistons est largement suffisant et n'appelle pas de critique particulière. 
Ce qui n'est pas le cas du frein arrière à tambour ! 
D'abord la pédale a été dessinée par des gars qui portent des tongs à longueur d'année,  ces même gars ont décidé qu'avec des chaussures pareilles il valait mieux un frein efficace... alors que fait un tambour Indien digne de ce nom ?  Bah tiens ! il bloque la roue à la moindre sollicitation. 
Super ! tu finis par t'en passer. Mais encore une fois vu le poids de l'engin, tu fais contre mauvaise fortune bon coeur !


Le... frein avant! bravo !

Reste que cette moto distille un plaisir suranné. Bien sûr l'anachronisme est évident mais pas seulement. 
Il y a la patte du fabriquant :  les filets dorés peints à la main (ça se voit) du grand art ! le voile de peinture pas assez chargé par endroit, les compteurs qui s'embuent, de petits points de rouille par ci par là... (les têtes des boulons qui maintiennent la pipe d'admission sont rouillés!) les vibrations du moteur relayées par le guidon, les reposes pieds et la selle malgré les silent-blocs, les rétroviseurs aux reflets déformants, les fils électriques qui courent le long du système d'injection...

Et bien vois-tu, tout cela ne suffira pas à désarmer le passionné. 
Malgré tout cette Bullet dégage une qualité incontournable :

Elle te recentre sur ce qu'est le plaisir de rouler à moto, simplement. 
Son côté "roots" est indéniablement attachant, ses performances suffisantes pour aller bosser comme pour la balade. 
Elle saura te faire rencontrer des tas de gens à chaque arrêt, et même -qui sait!- te permettra de mettre en valeur tes qualités de pilote devant un parterre esbaudis de demoiselles au minimum... quinquagénaires ! 
Non, ne me remercie pas !

Quelques photos en sup' pour le même prix, profite !


13,5 litres de sp98 là dedans. C'est près de 250km d'autonomie !






Tu aurai vendu père et mère pour une casquette de phare comme ça sur ton 103 !






Pour que l'avertissement (destiné au marché Américain) soit efficace, il faudrait voir  "appear" quelque chose dans ces rétros !





 



Gaz ! heu... non. En fait non.




 


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